Plus que le génie individuel, c’est l’intelligence collective qui compte

Ces mots sont une tentative de ma part de répondre à la question: Pourquoi nous soucions-nous de la question (ou du problème!) de la culture collective? Pourquoi ne pas accepter l’individualisme des hommes et leur désintérêt pour ce qui dépasse leur environnement et leurs besoins immédiats?

Depuis un moment, grâce à de nombreuses lectures, expériences et discussions, une idée de base a pris racine: que l’on se trompe complètement en accordant une valeur énorme au génie des individus, et que le rythme du développement et de l’histoire est en fait le résultat de l’interaction et de l’intelligence collective. Le livre « Intelligence collective » m’a donné les mots et les théories scientifiques à l’appui de cette idée. Ce livre riche et long (640 pages!) Contient de nombreuses idées et preuves sur la valeur de l’intelligence collective et son rapport à la sélection naturelle.

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Je me contenterai ici de mentionner l’une de ces idées: que le modèle d’innovation, et de création dans les sociétés n’est pas lié à l’intelligence des membres de ces sociétés (en raison d’une supériorité génétique ou autre …), mais plutôt au degré d’interdépendance, de communication et d’influence mutuelle entre les membres de ces sociétés, et à la préservation cumulative de ces savoirs à travers les traditions, les légendes, les livres ou même les idées préconçues! Les ethnologues et autres scientifiques ont mené de nombreuses expériences afin de simuler et de comprendre ces dynamiques. Je vais résumer l’un d’entre eux mentionné dans le livre susmentionné.

Supposons qu’il y ait deux peuples avec la même population: Les premiers sont le peuple des «génies». Les génies peuvent faire unee découverte toutes les 10 générations. Mais l’individualisme des génies fait qu’ils n’ont chacun qu’une relation étroite avec un seul ami. Le deuxième peuple sont les «papillons». Les papillons font une découverte toutes les 1 000 générations. Mais leur sens de la socialisation met chacun d’eux en relation étroite avec 10 amis. Enfin, supposons qu’il y ait 50% de chances que quelqu’un parle de sa découverte d’un ami. Lequel des deux peuples surpassera l’autre?

Après simulation sur un grand nombre de générations, le résultat était que seulement 18% des génies étaient au courant d’une découverte (et beaucoup d’entre eux ont répété l’effort de découverte par eux-mêmes!). Alors que 99,9% des papillons étaient au courant, grâce à la densité des relations et à la vitesse avec laquelle les informations étaient transmises entre eux. Ceci malgré la supériorité intellectuelle écrasante des génies (100 fois plus intelligents que les papillons!)

Imaginez, par exemple, que la découverte soit les armes à feu. On perçoit alors tout de suite l’infériorité civilisationnelle, industrielle et même culturelle des génies par rapport aux papillons. ـــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــ Que signifie ce résultat? Les peuples dans lesquels l’information et les idées passent rapidement surpasseront toujours les peuples calcifiés avec l’individualisme, les castes, le sectarisme et la méfiance. Ce qui fait la différence historiquement, c’est notre capacité à créer cette intelligence collective. Et théoriser et réaliser cette intelligence collective est peut-être la plus grande réussite réelle pour quiconque veut le changement.

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Écoutez Robert Heinrich dans une conférence sur le secret du succès de l’humanité